L'Affaire Bellounis et la Première Guerre Civile Algérienne

(1957-1962)

L'un des épisodes les plus sombres et les moins racontés de la révolution algérienne

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I-1- Avant-Propos

  Mohamed Bellounis et son « Armée Nationale du Peuple Algérien » ont, pendant de longs mois fourni à bon compte de la copie sensationnelle aux journalistes. Les récits circonstanciés des reporters faisaient songer au roman plutôt qu’à la réalité. En fait, pour une grande part, l’imagination suppléait à l’ignorance.
Traître, nationaliste, patriote. Toutes ces épithètes ont pu tour à tour être décernées au « Général en chef » (sic) de l’ANPA et toujours elles ont semblé justifiées par leurs auteurs. Mais en vérité, combien parmi ces juges péremptoires pouvaient se targuer de bien connaître la question ? La force exacte que représentait Bellounis, son attitude face aux autorités françaises, au Mouvement National Algérien dont il est issu, face aux populations civiles ou même à ses propres troupes, autant de point qu’il nous semble indispensable de ne pas ignorer avant de qualifier l’homme.
Près d’une année s’est écoulé depuis la mort du chef de l’ANPA et l’échec de l’expérience dont il fut le protagoniste. L’ « affaire » n’en est pas pour autant mieux connue. Et pourtant…


Nous laissons à d’autres le soin d’analyser les incidences de cet événement sur l’évolution du problème algérien. Notons cependant que Bellounis a sans doute longtemps constitué un barrage relativement solide devant la montée du FLN, qu’il a permis aux combattants messalistes de « souffler » et d’éviter ainsi l’écrasement en Algérie, qu’il a sûrement allégé la tâche de l’armée du moins pour un temps.
C’est pourquoi, en sus d l’intérêt de curiosité que peut présenter son côté anecdotique, l’affaire Bellounis nous a paru d’une importance suffisante dans le contexte historique du drame de l’Algérie pour justifier cet ouvrage.
Notre intention n’est pas de juger. C’est un document que nous voulons ici établir. Document, car la matière n’en a été puisée qu’à des sources sûres, chez des personnes qui furent directement mêlées à cet épisode algérien, soit sur le plan militaire, soit sur le plan politique. Rien ne sera noté qui soit fantaisiste romanesque ou provienne des « on dit ». Peut être faudrait-il donc titrer : témoignage.


Posons clairement en outre, que tout en réclamant de la plus complète objectivité, nos sources sont unilatérales. On lira le récit de l’affaire Bellounis observée d’une perspective algérienne –ANPA et MNA- pour être précis. Il eut été, bien sûr, intéressant de connaître sur la question le point de vue des milieux gouvernementaux français qui autorisèrent l’expérience ; ou celui du FLN. Ce ne fut malheureusement pas en notre pouvoir.
Pour terminer cet avant propos, ajoutons ceci : il est évident que nombreux seront ceux qui porteront une attention particulière à l’évolution politique des évènements. Au risque de paraître monotone, nous n’avons toutefois pas voulu négliger la description des forces militaires de l’ANPA, car elles nous semblent avoir joué un rôle sensible dans ce développement. Les fusils parlent haut en Algérie.
Il nous reste à souhaiter que le lecteur s’intéresse à cette modeste contribution à l’histoire de l’insurrection algérienne.

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